Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Site sur Cendrillon

22 février 2008

Les différentes versions du conte de Cendrillon

    Cendrillon est avant tout un conte populaire. Il a sut traverser les siècles : l’une des plus anciennes versions dont nous avons les traces écrites est celle du IIIe siècle plaçant la scène en égypte. En plus d’avoir  traversé les siècles, ce conte a  également parcouru le monde. Le conte de Cendrillon est aussi bien présent en France, qu’en Russie, en Allemagne ou encore en Chine…On compterait désormais aujourd’hui plus 300 versions du conte de Cendrillon.
Nous nous proposons donc ici de vous permettre d’accéder à des informations sur différentes versions de Cendrillon : informations générales, petit résumés… Ceci permettra de voir les parallèles et les différences entre les versions. Cela pourrait par exemple aussi par la suite faire l’objet d’une séance de travail avec des élèves de primaire sur un thème plus général peut être : Les contes dans le monde. Cela pourrait permettre aux enfants de découvrir une nouvelle culture à travers un conte dont ils connaissent déjà la trame ou plus généralement le genre du conte.

    Tout d’abord il est important de noter que le conte de Cendrillon est issu comme la majorité des autres contes de la tradition orale. C’est d’ailleurs sûrement pour cela que ce conte a parcouru les siècles et l’espace.


Version chinoise :

Commentaire : Nous savons que cette version a été écrite au Ixe siècle en Chine et que l’héroïne se nomme : Yè Xian. On peut notamment  y voir la ressemblance phonétique avec : « aschen » (allemand), « asan » (sanskrit), « ashes » (anglais) et « aescen » (anglo-saxon). Tout ces mots signifiants la même chose, c'est-à-dire : cendre.


Version antique d'Élien : Cendrillon
Cette versions de Cendrillon a été retranscrite au IIIe siècle par d'Élien.

Résumé : L’auteur nous y narre l'histoire de Rhodope. Celle-ci est une jeune femme d’origine grecque qui en tant qu’esclave s’est embarquée en Egypte. Mais un jour, alors qu’elle se lavait, un oiseau vola une de ses pantoufles. Celui-ci par mégarde fit tomber la pantoufle de la jeune héroïne aux pieds du pharaon Psammétique. Le pharaon qui fut très étonné de la « délicatesse » de la pantoufle, promit alors qu’il épouserait la femme à qui elle appartenait.


Version de Charles Perrault : 1697 Cendrillon

Résumé : Il s’agit d’un homme qui à la suite de la mort de sa femme se remarie avec une femme très vile. Sa fille : Cendrillon, est alors maltraité par sa méchante belle-mère qui lui ordonne de faire les tâches les plus rudes. Lorsque le Prince organise un bal pour toutes les jeunes filles du royaume, Cendrillon ne peut y aller alors que ces deux demi-sœurs se pavanent. C’est alors que la marraine la fée de Cendrillon apparaît, elle la pare de beaux vêtements pour se rendre au bal mais à minuit le charme sera rompu. Lorsque le Prince voit Cendrillon il tombe amoureux mais à minuit Cendrillon doit s’enfuir et perd une pantoufle de verre. Le Prince alors cherche la propriétaire de la chaussure afin de l’épouser. Le Prince finira par retrouver Cendrillon et ils se marieront.

Commentaire : on retrouve ici la même fin que dans la version antique : le prince épouse la propriétaire de la pantoufle.

Liens :

*Version écrite de Cendrillon de Perrault : http://lescontesdefees.free.fr/Contes/cendrillon_par_charles_perrault.htm


Version des Frères Grimm : Cendrillon

Résumé : Un homme veuf se remarie avec une femme qui fait faire à Cendrillon ; fille du veuf ; toutes les corvées et lui impose d’être sous les ordres de ses sœurs. Un jour, le prince organise un bal au château. Ne pouvant s’y rendre, Cendrillon pleure sur le rameau qu’elle avait planté auparavant et demandent de l’aide aux oiseaux qui lui lancent de beaux habits. Cendrillon se rend plusieurs fois au palais et le prince est amoureux d’elle. Mais à chaque fois elle s’échappe. Alors un soir le prince enduit le sol de col pour qu’elle ne puisse pas s’enfuir. Mais Cendrillon réussit à se sauver même si elle perd une pantoufle. Le prince va donc chez Cendrillon pour faire essayer la chaussure et pour pouvoir rentrer dedans les deux sœurs se mutiles les pieds. Finalement, seule Cendrillon réussit à enfiler le soulier. Le prince et Cendrillon se marient, les soeurs et belle-mère sont punies.

Commentaire : la version des Frères Grimm est bien plus cruelle que celle de Perrault. On retrouve notamment deux scènes terribles : lorsque les soeurs se coupent les doigts de pieds afin d’enfiler la chaussure et lorsqu’à la fin du conte les sœurs ont les yeux crevés par les oiseaux.
On voit donc par exemple se dessiner deux morales : dans Perrault celle du pardon et chez les Frères Grimm la punition Dans une version allemande encore antérieure à celle des Frères Grimm, l’atrocité de la punition est encore plus virulente car les deux  sœurs sont condamnés à danser avec aux pieds des pantoufles chauffer au fer rouge jusqu’à leur mort.

Liens :

*Version écrite de Cendrillon des Frères Grimm : http://www.grimmstories.com/fr/grimm_contes/cendrillon


Version de Jean-Louis Le Craver : La cendrillon tibétaine

Résumé : C’est l’histoire d’une vieille femme et de sa fille qui sont voisines de deux démones. Pour demeurer auprès de ces dernières, la jeune fille tue sa mère. Mais finalement Cendrillon est réduite au statut d’esclave des démones. Voyant sa fille ainsi, sa mère sous l’apparence d’une vache, lui donne de la nourriture et accomplit ses tâches à sa place. Un jour, une fête a lieu sur la place du village, les deux méchantes s’y rendent pendant que Cendrillon doit trier des grains d’orge et de moutarde. Mais un oiseau magique lui donne de beaux habits et fait le travail à sa place. Sur le chemin du retour Cendrillon perd une botte. Le prince la ramasse. Pensant connaître la propriétaire il va chez elle pour lui rendre. Les deux soeurs essayent la botte mais seule Cendrillon peut la mettre, de ce fait Cendrillon épouse le prince. 

Commentaire : Nous pouvons constater que le conte Tibétain est encore plus cruel que celui des Frère Grimm puisque dans ce conte c’est Cendrillon elle-même qui tue sa propre mère. On remarque que dans ce conte il y a une part beaucoup plus importante du merveilleux que dans les autres versions des contes européen de Cendrillon. Ceci met en avant une culture différente de la notre. Elle se différencie par exemple beaucoup de la version de Perrault qui était écrite pour être lu à la cour.


Version Africaine : Rafara, un conte populaire africain

Résumé : C’est l’hitsoire d’une petite fille africaine qui est oubliée exprès par ses sœurs dans la forêt et qui est capturée par le monstre Trimode qui veut l’engraisser pour la manger. Heureusement la petite fille rencontre une petite souris qui lui donne des objets magiques et elle rentre finalement chez elle sur un grand oiseau. Et Rafara était tellement belle que le fils du roi de son village tomba amoureux d’elle et l’épousa.

Commentaire : On retrouve des points communs avec des personnages du conte classique europééen de Cendrillon: les méchantes sœurs jalouses rappellent les deux demi-sœurs de Cendrillon et  la souris nous fait penser à la marraine fée. Mais ce conte pet aussi être mis en parralèle avce des autres contes tels que Hansel et Grettel par exemple. D’autre part, cette version est enrichit grâce aux illustrtions de l’auteur en rapport avce l’Afrique.

Information : Rafara de Anne-catherine de Boel (auteur et illustratrice). Editeur : Ecoles des loisirs, Collection : Pastel.


Quelques idées pour faire découvrir aux enfants le genre du conte :

Les histoires de Cendrillon racontées à travers le monde de F.Morel et G.Bizouerne. Editeur : Syros, Collection : le tour du monde d’un conte.
Un livre pour les enfants regroupe d’ailleurs différentes versions du monde entier du conte de Cendrillon. Le livre s’intitule : Les histoires de Cendrillon racontées à travers le monde. Ce livre propose six versions de Cendrillon. Dans le même but que cette mise en commun des versions de Cendrillon, cet ouvrage propose donc la narration de six versions de Cendrillon pour des enfants pour voir ce conte sous différents aspects. En effet, en tant qu’européen ce conte nous semble vraiment très classique, c’est pour cela qu’il est enrichissant de faire découvrir aux enfants Cendrillon dans d’autres cultures.
Il y a par exemple la version Corse de Cendrillon, où l’héroïne porte ici le nom de Genderella et où celle-ci se voit remettre par sa marraine la fée une noix magique. Ou la version Russe intitulé : « le bouleau merveilleux » où la mère de la petite fille a été changé en mouton noire par une méchante sorcière. Ou encore une autre version de ce conte en Afrique : « La jeune fille, le roi des grenouilles et le fils du chef ». Celui-ci raconte les mésaventures d’une petite fille qui est  totalement exclu par sa belle-mère, et qui finalement devient très ami avec le roi des grenouilles, qui lui permet d’aller au bal pour trouver son prince.



Version de Rominger, Saussard, Vivet-Rémy : Contes, fables et bestiaires au théâtre

Commentaire : Toujours dans le but d’une découverte, cet ouvrage écrit par des professeurs est intéressant. En effet, comme nous l’expliquent les enseignants, ils souhaitent un retour du théâtre à l’école et ce livre cherche à donner goût aux enfants au théâtre. Pour attirer les enfants, le contexte est changé. Il ne s’agit plus comme par exemple dans Perrault d’un bal mais d’une boum, la marraine n’est plus une simple fée, mais la fée Intergalactique.

    Le conte de Cendrillon est donc une grande source d’inspiration. Il est aussi bien un atout dans le domaine culturel : multiples versions existantes dans de nombreux pays mais aussi une source pour la littérature qui se sert de ce conte pour le transformer, le moderniser ou même le parodier pour en faire finalement quelque chose de complètement différent. On retrouve également cette image de Cendrillon esclave et de la bonne marraine dans de multiples œuvres littéraires. On peut notamment donner l’exemple des Misérables où Cosette apparaît telle Cendrillon (esclave des Thénardier) lorsqu’elle va chercher de l’eau au puit et qu’elle rencontre Jean Val Jean qui alors est assimilé à l’image de la marrainne bonne fée qui la sauvera des Thénardier. Cendrillon est un conte que l’on peut retrouver tout au long de sa vie : au stade d’enfant lorsqu’une personne nous lit le conte traditionnelle de Cendrillon, puis en tant qu’enfant qui par lui-même peut lire et accéder à plusieurs versions de ce même conte, puis lorsque nous sommes lycéen ou étudiant  quand nous rencontrons ces figures de conte qui se retrouvent dans des passages littéraires et enfin peut être en tant qu’instituteur (professeur des écoles) quand nous voulons proposer un travail sur la tolérance et le partage des cultures.

Plusieurs sites d’ailleurs proposent des présentations de séquences de travail pour des groupe d’élèves de différents niveaux. Voici quelques liens :

*aborder le genre du conte au primaire : http://www.tact.fse.ulaval.ca/fr/html/coop/5act/activite%20stag/g_c/1raconte.htm
*approche du conte poulaire pour une classe de 6ième : http://www.ac-versailles.fr/pedagogi/Lettres/contenf.htm
*Cours sur les réécritures de Cendrillon (littérature, musique…) pour des 1ere Littéraires : http://www.lettres.ac-aix-marseille.fr/lycee/reecritures/cendrillon.html

Publicité
22 février 2008

Le dessin animé, une originalité grand public

    Le dessin animé est une technique qui permet de créer une illusion d’optique. En effet, il s’agit de donner vie à une image, qui va donc entrer en mouvement. Il est surtout apprécié par les enfants mais ne s’adresse pas toujours qu’à eux…

    En effet, son aspect ludique et coloré permet de transformer le monde réel et d’accentuer l’imaginaire enfantin. Le dessin animé est donc vecteur de culture, dans le sens où il permet d’adapter, pour les plus jeunes en général, des œuvres de culture. C’est le cas de Cendrillon, qui comme nous l’avons vu, est issu, notamment des œuvres de Perrault et Grimm.

    Ainsi, pourquoi étudier spécifiquement le cas de Disney ? Tout simplement parce que c’est le film animé le plus répandu, le plus connu, le plus vulgarisé. De plus, notons que l’œuvre de Disney en matière d’animation est une véritable révolution, en particulier depuis Blanche Neige, premier FILM d’animation. Le paysage animé s’est alors transformé, on passe du cartoon, petite histoire humoristique, à un véritable film doté d’une intrigue, construite sur le modèle d’un roman : situation initiale, élément perturbateur, action, solution, rebondissement… aboutissant à une situation finale.

Cendrillon, vecteur de culture par le biais de l’adaptation :

Les contes de Grimm

    Historiquement, les contes de Grimm naissent dans un contexte européen particulier, le XIXème siècle. Il s’agit de l’aube du romantisme et de la naissance des identités nationales européennes. On tente alors d’oublier la culture française imposée sur le continent en créant sa propre littérature, sa propre mythologie. Les frères Grimm ont alors repris l’ambiance germanique « barbare » du haut moyen âge, symbolisée par une atmosphère sombre et inquiétante.

    Cela apparaît clairement dans le film de Disney, notamment au moment de la fuite de Cendrillon à la suite des douze coups de minuit. Les carrosses royaux sont noirs et les chevaux ont les yeux rouges, sans compter qu’à la fin de l’enchantement, Cendrillon et ses amis se retrouvent dans un décors assez hostile. Cela nous permet de rebondir sur les animaux, qui sont présents chez Grimm, du fait qu’ils s’adaptent bien à l’ambiance mystérieuse : pas de paroles, expressivité… C’est aussi ce qui fait le charme et donne un aspect si véridique au dessin animé. Mais cette version ci s’éloigne bien de l’originale où Cendrillon rencontre la première fois les animaux sous le noisetier, dans le jardin, là où Disney fait apparaître une marraine inexistante chez les frères Grimm. Les animaux sont omniprésents dès le départ, car ils ont le don d’être la transposition du monde humain. Ainsi, les animaux domestiques du dessin animé ne parlent-ils pas, mais les amis de l’héroïne si, forçant ainsi le trait manichéen de la morale, mais aussi permettant une approche plus douce et sympathique de la part des enfants.

    Certains aspects trop violents ont ainsi été omis sous l’égide de la bienséance et pour éviter de choquer les esprits du publique. Disney se contentera alors des distorsions du pied d’une des sœurs de cendrillon au moment d’essayer la pantoufle au lieu de lui couper l’orteil, et préfère faire apparaître les colombes assassines ôtant la vue de ces mêmes sœurs à la fin du conte, comme symbole de paix et d’amour.

Le conte de Perrault

    Ainsi, pour combler les lacunes trop « franches » des frères Grimm, Disney sera fort influencé par le conte de Perrault, bien plus symbolique et donc plus agréable. L’époque aussi est différente. Cette œuvre est créée au beau milieu de l’apogée d’une France dominant le monde. Ainsi, la dimension du bien et du mal, mais aussi de valeurs telles que la religion sont plus visibles. Cependant, pour des besoins de cohérence au sein du dessin animé, certains aspects ont été modifiés. C’est le cas, par exemple, du moment où la bonne fée transforme, pour le personnel du carrosse créé, six lézards. Ils sont inexistant dans la version animée au profit des quatre souris, du chien et du cheval.



    Il semble aussi étonnant, que du point de vue de la diffusion des valeurs et de la morale, le pardon accordé aux méchantes sœurs et l’appui de Cendrillon à leur faire rencontrer leur futur époux n’apparaisse pas à la fin du film.

Le dessin animé, vecteur de valeurs par le symbole :

    Le fait d’utiliser des symboles permet de transfigurer une réalité abstraite qui permet de faire passer des informations en filigrane ou de permettre une reconnaissance. Ainsi, au niveau du dessin animé, on peut tout à fait opérer une lecture à deux niveaux. Il s’agit d’un langage codé utilisé par l’Homme depuis la nuit des temps. Dans Cendrillon de Disney, analysons alors quelques symboles, mystères et anecdotes…
Au moment de la chanson où Cendrillon chante « Rossignol », on peut apercevoir un groupe de bulles formant une tête de Mickey, marquant ainsi de manière volontaire l’identité de la production. De même, au moment où le roi saute sur son lit, atterrit sur le lustre et en retombe, on peut aussi entendre le cri de Dingo. Subtiles effets, mais cependant présents consciemment.



    Au moment de la présentation au prince des jeunes filles à marier du royaume, on note que leurs noms sont très français. Il s’agit sans doute d’un clin d’œil à la culture royale renommée du pays sous l’ancien régime et de la noblesse influente.

    Regardons également de plus près le drapeau, qui cependant n’est pas une invention mais celui du Liechtenstein. Il est intéressant de noter qu’il s’agissait d’une région inféodée appartenant aux Habsbourg à l’époque dont nous abordions l’idée précédente. Il est donc intéressant de voir qu’il s’agit de deux ennemis jurés à l’époque. Cette antagonisme peut alors être interprété comme une forme de neutralité dans le sens où, comme en mathématiques, deux forces négatives s’annulent et deviennent positives.

    On remarque la diffusion des valeurs également au moment de la confection de la robe qui est une originalité de Disney. En effet, ce sont les souris femelles qui font la couture, et pas les mâles, qui eux, sont chargé de faire preuve de courage et de ruse face au chat Lucifer. Cela met en valeur le rôle de chacun au sein du foyer.

    Sans compter la symbolique autour du prénom du chat qui se confronte à la fois au chien Pateau et aux souris. On exploite ici la symbolique de l’animal indépendant et quelque peut sournois, dont l’aspect félin est exploité au maximum. Les souris, elles, ne sont pas montrées comme de la vermine mais plutôt comme l’illustration de la maxime « l’habit ne fait pas le moine » ! En effet, elles permettent de vivifier l’adage qui suppose de se méfier des apparences qui sont souvent douteuses. Enfin, le chien a un rôle clé, il est le plus fidèle et docile (à l’inverse de l’image donné par le chat), et la guerre entre l’un et l’autre est cristallisée à la fin du film, au moment ou le rapport de force a le dessus sur la ruse.

22 février 2008

Freud et Cendrillon chez Perault

Introduction

Bruno Bettelheim analyse les contes en ce qu'ils peuvent être une représentation de la psyché des enfants. En s'appuyant sur les étapes élaborées par Freud, il parvient à trouver les symboles mettant en évidence la relation entre réel et imaginaire chez le tout petit. Ces contes vont être pour lui une manière d'accéder à ses représentations inconsciemment. Il va par le biais de l'imaginaire et du symbolique montrer qu'il existe une connivence entre monde réel et monde imaginaire. L'enfant va pouvoir décharger, extérioriser, rendre conte de ses impressions, de son point de vue sur ses parents par exemple. Ses angoissent, ses chimères vont être symbolisées par les mésaventures des héros et pourront donc être exprimées sans craindre d'être réprimés. Son père ou sa mère, conformément à la vision freudienne (cf. oedipe) vont prendre des figures menaçantes et être perçus comme rivaux.

24cendrillon2


1-La menace:

Dans tous les contes, les héros subissent des épreuves. "Pour qu’il y ait conte de fée, il faut qu’il y ait menace,

une menace dirigée contre l’existence physique du héros, ou contre son existence morale.” (B.Bettelheim, psychanalise des contes de fées, 1976).


A la base du conte, la menace permet l'intrigue, elle permet également qu'il y ai résolution. Dans le conte de Charles Perrault, la menace est incarnée par la belle mère, parfait par les deux soeurs. En effet, dès le début du conte, il est dit que la marâtre est « la plus hautaine et la plus fière [...] elle ne put souffrir les bonnes qualités de cette jeune enfant, qui rendaient ses filles encore plus haïssables ». On peut associer facilement ce personnage au complexe d'oedipe puisqu'elle domine son mari « le gouvernait entièrement ». Ainsi, Cendrillon voyant son père, un « Gentilhomme », ainsi traité n'en est que plus impuissante et malheureuse. D'autres version antagonistes de celle ci procèdes radicalement au meurtre de cette rivale et a la punission des deux soeurs. Basile dans (Pentamerone I,6) La Gatta cennerentola (chatte des cendres) procède au meurtre de la marâtre et les frères Grimm font aveugler les soeurs par les pigeons de Cendrillon. Par conséquent il va falloir trouver une issue pour que Cendrillon cesse d'être ainsi traitée. L'intrigue peut enfin démarrer.


2-La séparation:

La séparation constitue généralement l''épreuve initiale. Souvent il s'agit de la mort d'un parent. Quelque soit l'origine de la séparation, B.Bettelheim insiste sur le fait qu'elle participe de l'émancipation du héro, "la nécéssité de devenir soi même". Selon Marie-Louise von Franz; me voyage émancipateur qui nait de la separation représenterait plutôt d'une "descente vers l'inconscient".


A l'origine de la menace, il y a une séparation. Souvent il s'agit de celle de l'enfant, du héro et de ses parents ou d'un d'entre eux. Cette séparation plonge le héro dans une mélancolie permanente qui ne fait que rendre la situation qu'il vit encore plus pénible à ses yeux, puisqu'éloignée de sa situation passée. Dans Cendrillon cette séparation est double. D'une part c'est la mort de la mère qui de surcroît était « la meilleur personne du monde », d'autre part l'éloignement d'avec le père dont on n'entendra pas du tout parler au cours du conte, sans doute mis à distance par la marâtre qui le domine. En remplacement de la disparition de la mère et de la disparition intradiégétique du père, il faut un adjuvant, ce sera la marraine. Elle fera office de mère pour soutenir et aider la jeune fille dans la réalisation de ses désirs. Il y a donc deux personnages de mère qui loin de se compléter vont s'annuler de telle sorte qu'on ne mettra en évidence que l'élévation sociale de Cendrillon (sous entendu, elle est parvenue jusqu'ici a force de gentillesse et par ses propres moyens).

Cette séparation permet au héro de « devenir soi même », acteur de sa propre destinée. C'est l'envol vers l'autonomie recherchée inconsciemment par l'enfant.


3- Appauvrissement et humiliation:

Destinée à mettre en emphase la souffrance face à la distance , l'humiliation du héro, ou son appauvrissement

renvoi au regret du passé, notamment de la perte.


L'appauvrissement est utilisé dans le but d'insister sur la distance face à la séparation, aux regrets. Il ont pour but principaux la plainte, c'est à dire la compassion du lecteur enfantin face à un personnage désoeuvré à qui il arrive tous les malheurs du monde. C'est tout à fait ce que nous retrouvons chez Cendrillon. Humiliée par tous et toutes, son seul adjuvant sera sa marraine (et tous ses animaux chez Grimm). Elle doit conjuguer les corvées sans jamais se plaindre et ne pas répondre aux attaques et au dédain de ses soeurs.« elle la chargea des plus viles occupations de la maison: c'était elle qui nettoyait la vaisselle et les montées, qui frottait la chambre de Madame et celles de Mesdemoiselles ses filles ». De plus, en son père elle aurait pu trouver un adjuvant mais loin de là. Elle semble plutôt avoir peur de lui, « il l'aurait grondé » si elle avait été lui raconter sa souffrance. C'est donc une jeune fille incomprise de son propre père. Cette violence faite à Cendrillon va lui imposer de se surpasser pour évoluer. L'humiliation c'est donc aussi l'affirmation de soi. Plus la violence sera importante et plus les qualités du héro seront mises en avant. Cendrillon devra faire preuve de discrétion et prendre sur elle le temps que le vent tourne.

A cette situation décrite est ajoutée une situation symbolique. Elle ne dort pas comme les autres mais seule en haut d'une tour. C'est un éloignement symbolique. Cendrillon est différente tant dans l'acte, dans sa destinée que dans les faits: «Elle couchait tout au haut de la maison dans un grenier, sur une méchante paillasse. ». A cela l'auteur ajoute tous les qualificatifs nécessaires à la plainte « pauvre fille [qui]souffrait » et, le plus important, un nom représentatifs de la situation vécue. On constate donc que Cendrillon ne porte pas ce sobriquet par hasard. Au départ nommée Cucendron, ce sont ses soeurs qui lui donneront ce surnom. Directement lié aux cendres (s'asseoir dans les cendres »), elle est également liée à tout la symbolique de celles ci. Depuis la Bible et L'Odyssée, les cendres sont symbole d'humiliation et de pénitences: Jeremie se roulant et Ulysse assis dans les cendres. Les pères de l'église montrent les pénitents se couvrant la tête de cendres ou vivant dans la cendre.

23cendrillon1


4- La récompense:


Elle marque généralement le retour à l'ordre établit. Soit la retrouvaille entre l'enfant et  ses parents. C'est aussi

souvent la rencontre avec le bonheur ultime par l'amour. Quoi qu'il advienne, l'épreuve sera toujours surmontée:"Tel

est exactement le message que les contes de fées, de mille manières différentes, délivrent à l’enfant : que la lutte contre les graves difficultés de la vie est inévitable et fait partie intrinsèque de l’existence humaine, mais que si, au lieu de se dérober, on affronte fermement les épreuves attendues et souvent injustes, on vient à bout de tous les obstacles et on finit par remporter la victoire."(B.Bettelheim).


«Enfin l'heureux jour arriva ». Voilà comment est décrit le début du bal dans le conte de Perrault.

Les épreuves, les menaces, l'appauvrissement et l'humiliation vont enfin trouver leur consolation dans la fin heureuse. Soit l'enfant abandonné retrouve son foyer, soit ils sont sauvés inextremisse par un tiers. L'idée principale est que quelque soit le conte, les déboires et les dégradations constituent un apprentissage et ne sont donc que temporaires. Cendrillon trouvera son bonheur dans l'amour et l'élévation sociale. Notons que le mariage comme récompense finale est totalement hasardeux puisqu'il ne témoigne pas d'un désir de base chez Cendrillon. Son désir de base étant simplement d'aller au bal. Quoi qu'il en soit, les malheurs sont résolus."Tel est exactement le message que les contes de fées, de mille manières différentes, délivrent à l’enfant : que la lutte contre les graves difficultés de la vie est inévitable et fait partie intrinsèque de l’existence humaine, mais que si, au lieu de se dérober, on affronte fermement les épreuves attendues et souvent injustes, on vient à bout de tous les obstacles et on finit par remporter la victoire."

25cendrillon4


5- Différenciations:

D'une manière générale on peut remarquer que les épreuves évoluent en fonction du sexe du héro. Cela renvoi aux coutumes de l'époque du conte, au représentations établies. Par exemple, la femme ou jeune fille s'occupera des taches ménagères et peuvent prendre une tournure positive. Ces stéréotypes comme on les appelleraient aujourd'hui sont autant de témoins de l'époque de la rédaction.

« c'était elle qui nettoyait la vaisselle et les montées, qui frottait la chambre de Madame et celles de Mesdemoiselles ses filles ». Ceux ci peuvent parfois trouver un aspect positif. Cendrillon va trouver dans les tâches domestique un moyen d'exister. Puisqu'elle n'a pas de rôle apparant, de soutient physique, de gens à aider ou a consoler (comme avec les animaux chez Grimm), elle sera la bonne à tout faire.


Conclusion:

B.Bettelheim nous permet donc de voir que les contes sont fondés de multiples signes distinctifs qui permettent à l'enfant auditeur et surtout à l'adulte lecteur de considérer l'histoire comme un support d'illustration de la psyché. Le parcours de la cendre au trône chez Cendrillon est d'une manière générale l'illustration de la réussite, de l'automatisation et de l'assouvissement de désirs imperceptibles. Les contes vont nourrir l'affectivité de l'enfant et le rassurer.


 

Ouvrages consultés:

B.Bettelhiem, Psychanalyse des contes de fées, 1976

Freud L’intervention dans les rêves du matériel des contes de fées, 1913

C.Magnien, Introduction notices et notes aux Contes de Chalres Perrault, 1990

 

Image 1 introduction, Gravure Gustave Doré 1863.

Image 1 humiliation, Gravure Gustave Doré 1863.

Image 1 récompense, Gravure Gustave Doré 1863.

Publicité
Publicité